Les chantiers de Gerard Michon 
 Legislatives 2012: Francais des Etats-Unis et du Canada
Gérard Michon, photographié par Hugues Vassal, fondateur de l'Agence Gamma  (21 novembre 2011).
 

Manque de Maternelles à New-York

Monsieur le candidat,

Au nom du groupe que je représente, je tenais tout d’abord à vous féliciter pour avoir annoncé votre candidature à l’élection législative des français de l’étranger pour la première circonscription, qui se tiendra les 2 et 16 juin prochains.

Nous sommes un groupe de parents français établis dans les cinq boroughs de la ville de New York, et dont les enfants ont moins de six ans.

Du fait de l'absence, dans le système éducatif américain, ainsi que dans le réseau des écoles de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger, de structures suffisantes destinées à l'accueil et à l'éducation de la petite enfance pour de très jeunes enfants français, la communauté française se trouve confrontée à une offre inadéquate, qui ne répond ni aux besoins des familles, ni aux principes de l'éducation républicaine à laquelle nous restons attachés.

Parmi les structures existantes, les institutions privées sont inabordables pour la plupart d’entre nous. Entre l'endettement, ou la cessation d'activité d'un des parents pour fournir une éducation française à la maison et prendre en charge leurs enfants à temps plein, les alternatives sont peu favorables à la prospérité des familles. Cette situation crée ainsi, dès le début de la vie, de flagrantes inégalités économiques d'accès au savoir, alors que l’un des principes de l’école républicaine a précisément pour objectif de les réduire.

En outre, parmi les autres structures existantes, la trop grande rareté des programmes d'éducation primaire francophone (after-school programs, programmes bilingues, écoles privées), au niveau maternel ou élémentaire, ne peut pas répondre à la demande croissante de la communauté française de New York. Si le manque se fait cruellement ressentir au niveau de l’école maternelle, il le restera également au niveau élémentaire pour nos enfants, en dépit de la création récente, mais encore sporadique, de classes d'immersion au sein de certaines écoles publiques. De plus, la fragilité de ces structures ne garantit pas une offre éducative durable à long terme pour transmettre à nos enfants la culture française à laquelle nous restons attachés.

Nous vous demandons donc, dans le cadre de la campagne électorale des législatives, de nous faire connaître, si vous êtes élu, quelles seront les solutions précises et concrètes, à la fois à court terme et à long terme, que vous apporterez, et qui permettront de résoudre ce problème majeur auquel sont confrontés les français de notre communauté.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire
à l’expression de nos sincères salutations.


 Gerard Michon

88 signataires
(entre le 29 janvier et le 1er février 2012)

Chers parents français de New-York,

J’ai bien reçu (en 88 exemplaires portant chacun une de vos signatures) la lettre collective dans laquelle vous interpellez les candidats aux prochaines législatives française en Amérique du Nord à propos de l’éducation française des tout petits (moins de 6 ans) dans la région de New-York.

D’abord, il est utile que vous puissiez communiquer les uns avec les autres, si tel n’est pas déjà le cas (pour les raisons que j’expliquerai plus tard). C’est pourquoi j’ai choisi de vous répondre en vous mettant tous comme destinataires de ce message. Ceci vous permet de donner vos réactions et de les communiquez avec les autres signataires par un simple « reply to all ».


Je ne doute pas que d’autres candidats sauront vous promettre monts et merveilles dans ce domaine. Campagne électorale oblige. Je crois donc de mon devoir de donner un cadrage préliminaire dont j’espère qu’il nous évitera à tous le ridicule d’un débat démagogique stérile. Je vais brièvement présenter l’état des lieus, dire ce que le député pourra et ne pourra pas faire et présenter mes suggestions pour obtenir des résultats avant que vos enfants ne soient trop grands pour en bénéficier.

Le système dit des « bourses scolaires » paie tout ou partie des frais d’écolage des élèves français inscrits à l’étranger dans des établissements pédagogiquement « homologués » sur la base d’un certain nombres de critères, dont le fait d’assurer plus de 50% des cours en français. Il y a de nombreuses années, ce système ne s’appliquait pas aux classes de maternelle. C’est grâce à l’action des élus du CSFE (ancien nom de l’AFE avant 2004) qu’il a été étendu à l’enseignement des tout-petits.

Cependant, l’Administration rechigne à « homologuer » des établissements n’offrant que des classes de maternelle (sans avoir sous le même toît au moins des classes primaires). Ceci fait que les élèves de ces établissements ne peuvent prétendre à l’octroi d’une bourse que par dérogation. Ce que personne n’ose dire, c’est que c’est une façon de « faire des économies » en entravant la création de nouveaux établissements qui représenteraient une charge supplémentaire pour l’Etat. Mon opinion est qu’un député peut et doit être capable de faire sauter ces verrous en arguant du bien public à long terme dont on trouve d’ailleurs des éléments dans votre « lettre ouverte ». Si le système des bourses pouvait être activé dès la première année d’existence d’un établissement, la création de nouveaux établissements en serait facilité par l’élargissement de la « clientèle » au-delà des rares parents qui peuvent dégager les fonds suffisants. Ceci, là ou le besoin est avéré, comme à New-York si on en croît votre lettre.

Ce que ne peut pas faire un député, c’est se mettre à la tête de chaque nouveau projet de création. Il peut contribuer un petit coup de pouce financier par l’intermédiaire de la réserve parlementaire mais ça ne va pas très loin. Le moteur décisif ne peut venir que d’une initiative locale. De nombreuses écoles à l’étranger on été créées ainsi par ce qu’on peut décrire comme une « association de futurs parents d’élèves », en commençant par la maternelle puis en avançant d’une classe par année pour accompagner les élèves qui grandissent. La formule fonctionne. Une petite école peut parfois démarrer dans des locaux qu’une institution religieuse n’utilise que le week-end.

Vous trouverez peut-être que ce sont là, pour reprendre les termes de votre lettre, des « structures fragiles » ne garantissant pas « une offre éducative durable ». Pourtant, une école ça se construit une année scolaire après l’autre, on prévoit les déménagements mais on peut difficilement les planifier… Les élèves en pàtissent peu. (C’est seulement au bout de la course, qu’il y a la construction ou l’achat d’un immeuble avec la garantie bancaire de l’Etat dans le cadre de l’ANEFE qui fut d’ailleurs mis en place « à coût zéro » par un élu des Français de New-York, mon ami le sénateur Jacques Habert.)

Alors voilà, si quelques un(e)s d’entre vous veulent bien prendre le problème a bras le corps pour mettre quelques instituteurs ou quelques institutrices de l’Education nationale dans des locaux accueillants, l’aventure vaut la peine et je ne serai pas le seul à vous encourager. N’écoutez pas un candidat à la députation qui vous dirait qu’on pourra créer des écoles maternelles françaises dans chaque quartier de New-York l’an prochain sans que quelques parents d’élèves ne s’impliquent au préalable… Tel n’est pas le cas.

D’ailleurs, avez-vous besoin d’attendre les élections présidentielles ou législatives pour démarrer ? Pas vraiment.

Dans l’attente de vous lire à nouveau, un par un ou tous ensemble,
je vous prie de recevoir l’expression cordiale de mes sentiments les meilleurs.

Gérard Michon (2 février)

 
 
 

Le 2 février,  Camille Assaf-Doshi  a écrit :

Je vous remercie de votre réponse.  Vos suggestions sont raisonnables, et parfaitement en ligne avec ce qui se passe déjà.  Il existe en effet, partout à Brooklyn et New York, des écoles coopératives, souvent à la maison, qui naissent précisément en réponse au manque d'options.  Les parents en sont réduits à des initiatives sous-terraines, non-déclarées, fragiles. 

Nous n'attendons pas les élections pour démarrer, bien au contraire.  Mais nous attendons de nos représentants qu'ils reconnaissent le problème, et appuient nos démarches, pour l'instant localisées, disparates, et extrêment précaires.  Reconnaître que le problème est loin d'être marginal est le premier pas vers une action fédérée beaucoup plus efficace à long terme. 

Le 2 février,  Gérard Michon  a écrit :

Oui, c'est clair.


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